Elfes, korrigans et autres lutins.

Rocher le crapaud Pluescat

Le crapaud

 

 

Il y a longtemps, très longtemps les hommes n’étaient pas maîtres de la terre, ils vivaient dans un monde dangereux où la nature, les animaux et les esprits pouvaient s’allier contre lui. L’ours était vénéré pour sa force, le loup pour son esprit de clan, l’aigle pour sa liberté et sa sagesse.

 

L’esprit humain était encore libre de s’échapper, le chaman savait libérer l’ame du patient, marcher dans ses rêves, communiquer avec l’animal totem. En ces temps reculés, des créatures étranges peuplaient encore le monde, les dragons enlevaient les jeunes vierges, les elfes sortaient à la nuit tombée pour danser dans les clairières que nul humain n’avait parcourus.

 

Le petit peuple des lutins pouvait intervenir dans les affaires humaines d’une manière malicieuse ou sérieuse, égarer le promeneur, lui voler ses affaires, lui dévoiler des trésors ou l’aider à reconquérir l’âme sœur. Le rocher, la source, la clairière forestière étaient leur lieu de vie et les hommes avaient appris à les respecter.

 

Puis petit à petit les rouages de l’esprit ont rationalisé le monde, les hommes rassemblés en villages et en villes n’ont plus communiqué avec les esprits. Les esprits délaissés sont devenus plus exigeants et se sont transformés en dieux. Puis les dieux sont devenus d’essence unique. L’humain s’est retrouvé confronté à une divinité exigeante et lointaine qui n’intercédait pour lui que par l’intermédiaire d’un clergé. La source est devenue abstraite, le rite compliqué, l’esprit a désappris à voler.

 

L’homme aujourd’hui est maître de la terre, il vit dans un monde contrôlé et normalisé, l’ours ne représente plus qu’un gentil jouet de son enfance, le loup a disparu pour sauver le troupeau et l’aigle survit dans un territoire étriqué. Les elfes ont quitté le monde avec leurs lutins et leur cortège de créatures magiques. Les animaux ne sont plus que des éléments économiques ou pire des nuisibles qu’il faut à tout prix éliminer. Les dieux eux mêmes ne nous sont plus très utiles car notre esprit a gagné son autonomie.

 

L’homme n’a désormais plus qu’un seul ennemi sérieux, lui même. Pourtant sa peur ne l’a pas quitté. Il a peur de l’étranger ou de son voisin , il a peur du chômage et du déclassement social, il a peur de la maladie et de la mort, il a peur de la guerre et de la famine qui frappent certains pays. Oui il tremble de peur, seul. Il a oublié les elfes et les lutins, il a oublié les dragons, il a oublié les chimères.

 

Pourtant à l’ombre des rochers, par les nuits sans lune les petites créatures se rassemblent encore, elles attendent que nous les écoutions à nouveau, elles sont encore présentes et peuvent encore nous aider à nous sentir moins seul.

 

 

2 réflexions sur « Elfes, korrigans et autres lutins. »

  1. Passé le premier regard que l’on porte sur les choses, lorsque l’on s’enfonce plus profond, existe un second plan, vibratoire, qui murmure à l’oreille du cœur lorsque l’on sait voir.
    Tout est là, masqué d’illusions…

  2. Vos tableaux nous montrent en douceur la voie qui mène à eux. Nous croyons être maîtres de la terre mais nous ne le sommes pas. Ecoutons ce que nous dit notre âme d’enfant, elle nous guidera vers
    eux, vers un monde plus vrai.
    Merci pour ce trés beau texte et ces aquarelles si sensibles. Joëlle

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