A contrario de la porte rouge ouverte sur le monde et sur l'intime, le mur jaune est une fin. Un renoncement au monde, un obstacle infranchissable qui barre l'horizon et inclut toute chose et tout avenir. Sa structure minérale et sa composition constituée de parallèles horizontales apportent une monotonie représentative de l'écoulement du temps. Cet empilement de parallélépipèdes irréguliers joint par des lignes de sable et de chaux figure l'accumulation de nos expériences, la compilation structurante du poids de nos faits et gestes et agrège en une image simplifiée, la multitude des instants qui font une vie.
A l'image des arbres qui barraient l'horizon des paysages de Van Gogh et qui symbolisaient l'enfermement de celui-ci dans son asile, le mur jaune est barré d'une structure tubulaire grise qui coupe l’œuvre en deux parties presque égales. Cette ligne grise sépare l'avant et l'après et jalonne le mur à l'image de la temporalité intime de l'auteur. Malgré sa couleur sans relief elle capte la lumière et entraîne notre regard vers le haut ou le bas étalonnant ainsi notre ressenti intime de l'expérience humaine. Porteuse d'espoir ou réceptacle de nos ondées lacrymales, cette ligne d'une rectitude parfaite est à la fois révélatrice d'un avenir parfaitement prévisible et de par son décalage angulaire le seul élément de fantaisie dans une existence rangée
Le mur jaune s'inscrit donc comme contrepoint de la porte rouge, symbole d'une fantaisie affirmée. Il est a contrario un manifeste cartésien de la réalité du monde, une revendication du banal et de l'enfermement de nos existences dans un périmètre défini, assigné et non extensible.