Je me suis demandé il y a longtemps quel pouvait être un rêve de salamandre, quelles couleurs ce petit animal pouvait il percevoir, quelles envies avait-il ? Je me suis demandé si sa perception du monde était meilleure que la mienne, plus efficace ou plus poétique.
J’ai donc dans mon atelier un tableau inachevé qui s’intitule le rêve de la salamandre. Ce tableau restera sans doute inachevé car la vision de la salamandre m’a échappée. Ma vie a fait un brusque écart à ce moment-là, le rêve c’est enfui, j’ai tourné une page.
Plus de dix ans ont passés et cette vision parfois me trouble, n’avez-vous jamais rêvé d’avoir à nouveau une perception totalement animal ? (Quand je dis à nouveau, je pense à nos lointains ancêtres) une vision sans analyse, brute, seulement commandée par la nécessité de survie. Une vision ou l’arbre n’est pas un concept arbre défini par le mot arbre mais un ensemble de couleur, de bruit, d’odeur.
J’ai lu dans une nouvelle que les cyprès étaient autrefois installés près des mas car ce sont de fabuleux conteurs. Qui peut encore se prévaloir de savoir écouter le murmure des arbres ? Quelles histoires pourraient-ils nous raconter si nous étions encore capables de les écouter ? Dans vos villes vous arrive-t-il d’écouter le murmure de l’incessante circulation et que vous raconte ce murmure ? Que vous dit-il sur l’état de notre monde ? que vous raconte-t-il sur l’état de nos rêves ?
Pourquoi faudrait-il à tout prix terminer ce tableau ?
Il arrive que des histoires, des création restent en suspens car les achever les abîmeraient.
Vous parlez du langage des arbres. Ils en ont un. Quand notre sensibilité est suffisamment aiguisée par une émotion trés forte il faut se mettre à leur écoute. C’est eux qui font le lien entre la
terre et le ciel.
Vos oeuvres sont trés hautes en couleurs, en souplesse, en légèreté. Elles laissent la place au rêve. Merci à vous. Joëlle
Je pense que je vais souvent venir rêver ici.
Pour parler arbres, forêts, je pense qu’au cœur même des villes nous emportons avec nous l’idée de l’arbre, nous pouvons lui donner corps car c’est son essence même qui s’exprime par-delà la forme
et le lieu. Cette essence est à la fois partout et en un point précis (où nous sommes). Nous pouvons alors, où que l’on soit, nous dilater de cette essence, comprendre au-delà des mots, créer,
recréer, façonner. On prête à Lao Tseu ces mots : « sans sortir de chez lui le sage connaît les hommes ». Cela synthétise mon idée et vaut pour tout dans cet univers vibratoire qui est le nôtre.
Des tableaux dorment parfois longtemps puis un jour…
Belle journée.