Nous n’avons pas encore eu de neige cet hiver, seulement des jours de brouillard et de givre, un monde en gris et blanc. Un froid humide qui glace.
Je me souviens d’hivers de mon enfance ou la neige restait quelques semaines, c ‘était un bonheur qui durait, les gens se déplaçaient moins et les routes n’étaient pas transformées en gadoue noirâtre au bout de quelques heures, on ne se plaignait pas de l’absence des chasse-neige et on supportait d’être bloqué chez soit quelques heures ou même quelques jours.
J’ai un peu honte de le dire mais à l’époque, je piégeais les oiseaux, grives et merles que nous mangions. L’écologie et son sentiment de culpabilité associé n’était pas encore passé par là. Les pesticides et l’agriculture moderne non plus et il semblait que le prélèvement que nous effectuions sur les populations d’oiseaux ne les mettait pas en péril.
Partout les oiseaux trouvaient à se nourrir car les vergers aux vieux arbres abondaient, les haies entouraient les champs et servaient d’abris.
La campagne était vraiment belle. Aujourd’hui à l’entrée de la commune, se déroule à perte de vu un champ qui fait des kilomètres, les arbres ont disparu, les vergers et les petites vignes à piquette aussi. L’hiver il ne reste plus que les scories de maïs ou des tristes labours survolés par des vols de corbeaux qui eux prospèrent.
Aujourd’hui je ne chasse plus et je nourris les oiseaux, je plante des arbres fruitiers et je laisse mon minuscule territoire à l’abri des pesticides.
Les oiseaux m’en sont-ils reconnaissants ?