Le peuple des marcheurs.

le marcheur

Le peuple des marcheurs est un peuple qui comprend de nombreuses tribus.


Les marcheurs au long cours ne s’arrêtent jamais, ils franchissent les cols et les vallées et leurs pieds agiles effleurent à peine la terre, ils ne laissent pas de traces et leur âme est si légère qu’ils peuvent toucher les étoiles. Vagabonds ou pèlerins leur marche est grave et leur but jamais atteint.

Les enfants quant à eux marchent sans y penser comme s’il s’agissait d’un jeu, leurs petits pieds dessinent des arabesques étranges et leurs trajectoires sont faites d’arrêts et de départs sans cesse renouvelés. Tels des papillons ils flânent sans buts et s’endorment au bord d’un rivage qui les accroche au rêve.

Les femmes marchent en bande. Elles papotent et pépient et leurs bavardages se mêlent à celui des animaux pour former une musique étrange.

Les vieillards eux marchent avec obstination, leur but est connu et leur volonté sans faille, ils savent que chaque pas les rapproche de la fin du voyage et ils continuent le chemin sans rechigner.

Il est aussi des marcheurs aux pieds lourds, ils se reconnaissent à leur équipement barbare, bardée de fer leur âme ne songe qu’à des éclats guerriers et à de terribles machines qui n’apportent que le deuil.

 

Les plus beaux et les plus authentiques sont les nomades qui marchent par nécessité, pour vivre et qui ne vivent qu’en se déplaçant. Leurs pas ont tracé des chemins parcourus depuis des millénaires, leurs troupeaux modelé les paysages. Leurs migrations comme celles des oiseaux et des animaux suivent les saisons ou la nécessité d’un nouveau pâturage, ils voyagent léger et ne s’encombrent que du strict nécessaire à la survie et ne prennent à la terre que ce qu’elle peut donner.

 

Savez vous que ces nomades sont en train de disparaître ? Les voilà rattrapés et parqués par les marcheurs immobiles. Eux ne se déplacent qu’avec leurs machines, ils ne regardent la terre que parce qu’ils peuvent en tirer de la matière ou de l’énergie, ils ne sont que rouages mécaniques et volonté de soumettre. Ils ne songent pas à demain, ne voient pas la beauté du chemin. Ils ne savent pas que l’important n’est pas d’arriver mais que seul compte le voyage.

 

Alors vous tous, vous qui marchez , ne pensez pas à la destination, pensez juste au prochain pas qui vous transformera.

La ruelle des morts.

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Il y a peu d’artistes français de la chanson qui accrochent mes neurones. Celui qui me touche le plus profondément encore aujourd’hui au bout de 25 ans de vie commune est un de mes premiers coups de cœur musicaux. C’est Hubert Félix Thiéfaine, je l’ai découvert lors d’un voyage scolaire où un de mes camarades de classe a passé l’album «autorisation de délirer» en boucle pendant trois jours. Cet album contient en particulier les titres «Alligator 427» et «La queue» que j’aime toujours beaucoup.

 

Dans les affres de la post-adolescence cet artiste exprimait si bien mon mal être qu’il est devenu peu à peu le compagnon de mes angoisses. J’ai fumé mes premiers joints en écoutant «mathématiques souterraines» ou «113 ° cigarettes sans dormir». J’ai pleuré mes premières déceptions sentimentales sur «je t’en remet au vent» et pensé mes premiers suicides sur «les dingues et les paumés».

 

Ma déglingue raisonnable aurait sans doute pu basculer vers des gouffres et des abîmes bien plus sombres. Mais je suis resté sur le fil du rasoir, j’ai eu de la chance ou de l’intelligence et mes angoisses ont disparu mystérieusement une nuit au cachemire. Cela fut ma dernière rencontre avec l’au delà.

 

Vingt ans et plus ont passé, je suis au yeux de la plupart un adulte raisonnable, j’ai une famille, un boulot. Mes angoisses se sont tues, j’ai trouvé un équilibre, des occupations, des passions. J’essaie de rester vivant et éveillé dans un monde que je sens de plus en plus en décalage avec mes rêves, dans un monde que je subis plus que je ne le façonne.

 

Thiéfaine m’accompagne toujours sur cette route, fidèle compagnon , il me guide encore quand s’ouvrent des gouffres sous mes pieds, quand les certitudes se lézardent, quand les sentiers battus deviennent étranges. Quand parfois les morts laissés sur le bord du chemin s’invitent à ma mémoire, quand une nostalgie profonde me rappelle «le poids de nos défaites et le temps qui nous apoplexie».

 

Thiéfaine est un magicien des mots, il sait remuer en moi «mes sombres instincts», «mes dédales obscurs». Il sait raconter ma suprême inutilité. Il sait par la tendresse de ses mélodies me rappeler que je ne suis rien et que demain je serai encore moins. Il sait dire l’inutilité de ce jeu, sa vaine beauté et sa tristesse intrinsèque.

 

Hubert Félix Thiefaine  / La ruelle des morts.

Elfes, korrigans et autres lutins.

Rocher le crapaud Pluescat

Le crapaud

 

 

Il y a longtemps, très longtemps les hommes n’étaient pas maîtres de la terre, ils vivaient dans un monde dangereux où la nature, les animaux et les esprits pouvaient s’allier contre lui. L’ours était vénéré pour sa force, le loup pour son esprit de clan, l’aigle pour sa liberté et sa sagesse.

 

L’esprit humain était encore libre de s’échapper, le chaman savait libérer l’ame du patient, marcher dans ses rêves, communiquer avec l’animal totem. En ces temps reculés, des créatures étranges peuplaient encore le monde, les dragons enlevaient les jeunes vierges, les elfes sortaient à la nuit tombée pour danser dans les clairières que nul humain n’avait parcourus.

 

Le petit peuple des lutins pouvait intervenir dans les affaires humaines d’une manière malicieuse ou sérieuse, égarer le promeneur, lui voler ses affaires, lui dévoiler des trésors ou l’aider à reconquérir l’âme sœur. Le rocher, la source, la clairière forestière étaient leur lieu de vie et les hommes avaient appris à les respecter.

 

Puis petit à petit les rouages de l’esprit ont rationalisé le monde, les hommes rassemblés en villages et en villes n’ont plus communiqué avec les esprits. Les esprits délaissés sont devenus plus exigeants et se sont transformés en dieux. Puis les dieux sont devenus d’essence unique. L’humain s’est retrouvé confronté à une divinité exigeante et lointaine qui n’intercédait pour lui que par l’intermédiaire d’un clergé. La source est devenue abstraite, le rite compliqué, l’esprit a désappris à voler.

 

L’homme aujourd’hui est maître de la terre, il vit dans un monde contrôlé et normalisé, l’ours ne représente plus qu’un gentil jouet de son enfance, le loup a disparu pour sauver le troupeau et l’aigle survit dans un territoire étriqué. Les elfes ont quitté le monde avec leurs lutins et leur cortège de créatures magiques. Les animaux ne sont plus que des éléments économiques ou pire des nuisibles qu’il faut à tout prix éliminer. Les dieux eux mêmes ne nous sont plus très utiles car notre esprit a gagné son autonomie.

 

L’homme n’a désormais plus qu’un seul ennemi sérieux, lui même. Pourtant sa peur ne l’a pas quitté. Il a peur de l’étranger ou de son voisin , il a peur du chômage et du déclassement social, il a peur de la maladie et de la mort, il a peur de la guerre et de la famine qui frappent certains pays. Oui il tremble de peur, seul. Il a oublié les elfes et les lutins, il a oublié les dragons, il a oublié les chimères.

 

Pourtant à l’ombre des rochers, par les nuits sans lune les petites créatures se rassemblent encore, elles attendent que nous les écoutions à nouveau, elles sont encore présentes et peuvent encore nous aider à nous sentir moins seul.

 

 

Carnets de voyages.

J’adore dessiner d’après nature, surtout les paysages, c’est un exercice passionnant qui demande peu de matériel et qui je le crois est à la portée de tous.

 

Je profite donc en général de mes vacances pour pratiquer ce petit exercice, j’utilise soit des crayons aquarellables, soit des feutres complétés ou non avec de l’aquarelle, ou un mélange des deux. J’ai essayé avec du pastel ou de l’huile mais c’est trop long et cela demande une logistique trop importante.

 

Je prend donc mon sac à dos, je marche et puis je me pose. J’englobe le paysage dans ma page et j’essaie de le restituer aussi fidèlement que possible dans un temps pas trop long. C’est une démarche un peu désuète qui me convient très bien.

 

A l’heure de l’internet, du téléphone portable et de l’instantanéité de l’information je prend à contre pied cette rapidité en pariant sur un peu de lenteur, sur l’observation patiente d’une réalité qui s’échappe. Je hume l’air, je regarde les nuages, j’observe les inévitables changement de lumière, je traduis en signes une réalité bien trop complexe pour que je puisse l’apprivoiser sur une petite page de carnet avec mon modeste talent.

 

Cela était autrefois l’essence du peintre et du dessinateur, aujourd’hui l’image est partout et on peut se dire que la peinture a vécue et qu’elle n’apporte plus rien de neuf.

Sans doute, mais ces carnets me remémorent plus clairement ces instants passés qu’aucunes photos ou films ne le feraient.

 

Baie de kernic

La baie de Kernic à marée basse.

L’homme désarticulé.

L'homme désarticulé

L’homme progresse vite, ses connaissances semblent sans limites. Il a conquis la terre entière, bientôt les mers, bientôt l’espace. Les choses impossibles d’hier sont désormais banalités, parler à distance, voir au loin, assister à la naissance des étoiles, plonger au cœur de la matière ou au cœur du vivant.

Où s’arrêtera t il ? Il ne semble pas désormais de tâches qu’il ne puisse réaliser, pas de buts qu’il ne puisse atteindre, la mort elle même pourrait être vaincue.

Et pourtant, et pourtant …

L’homme a t il fait le moindre pas en avant ? Et il aujourd’hui plus sage qu’hier ? Sait il désormais plus qu’hier apprécier sa vie ? Et il désormais moins égoïste et plus empathique ? A t il su mettre en place un système social qui assure à chacun une place équitable  ? A t il abandonné ses préjugés de races ou de religion ?

En quoi sommes nous plus évolués que les indiens d’Amazonie ou des grandes plaines de l’ouest massacrés avec ardeur ? L’ humble communauté paysanne des premiers ages était elle moins solidaire que nos sociétés modernes ?

L’homme avance vite mais son progrès n’est qu’une lueur de chandelle au sein de son obscurité intérieure. Ses victoires ne laissent derrière lui que des champs de ruines qui hypothèquent son avenir.

Demain naîtra un homme nouveau, il ne cherchera plus à dominer mais à aider, il ne cherchera plus à savoir mais à comprendre, il ne cherchera plus à posséder mais à partager.

Ses multiples organes seront enfin réunis, son cœur et son cerveau marcheront à nouveau ensemble, ses jambes et ses bras seront à nouveau synchronisés. Il parcourra le monde sans s’arrêter, sans rien posséder. Éternel marcheur ses pieds seront sur terre et sa tête tout contre les étoiles.

Petit apport pour le débat sur l'identité national

petit apport pour le débat sur l’identité nationale.

 Je suis la réincarnation d’un national socialiste; oui c’est ce que ma femme prétend mais je n’y prête pas attention car on est pas responsable de ses vies antérieures, elle ne m’en tient pas rigueur non plus.

Je suis français né de parents français de grands parents français et je peux remonter comme ça assez longtemps, je suis presque blond et j’ai les yeux bleus. J’adore la baguette du matin , le saucisson et le pinard quand il est bon. Bref je suis un bon français, je paie mes impôts, je travaille, je vais voter. Je suis gentil avec ma voisine de 80 ans qui n’aime pas les noirs, je ne m’énerve pas quand ma gentille collègue traite les arabes de gris.

Mais çà me chagrine tout ça, j’ai voyagé quand j’étais plus jeune et moins pauvre en argent. Je suis allez au Maroc, en Inde, en Amérique du sud, partout j’ai rencontré des gens charmants, des pas gentils et des vraiment cons. J’ai vécu à Barbes Paris et j’étais heureux de manger un merguez frite ou un couscous chez l’arabe du coin, de croiser un africain en boubou, j’étais heureux d’aller au magasin chinois et de manger un tandoori chez le Sri-Lankai d’en face. Bref j’étais heureux de côtoyer tous ces gens qui faisaient la richesse de mon pays et peu importe leur couleur. J’étais presque content d’être français.

Quand j’étais petit dans mon école on m’avait appris que la France est le pays des droits de l’homme, que notre devise c’est la liberté, l’égalité et bien entendu la fraternité et moi je pensais bêtement que la fraternité c’était bon pour tous les humains, les blancs, les noirs, les bleus et les verts.

Mais voilà depuis quelques temps je pense que je me suis trompé, mon président de la république me dit que les étrangers se sont pas des gentils, qu’ils viennent manger le pain des bons français. Ses ministres sont fiers que nos frontières soient fermées à cette foule de va nu pied. Ils sont fiers de renvoyer chez eux tous ces miséreux qui non content de manger notre pain ne s’habillent pas comme nous, ont un dieu qui n’a pas le même nom et ne peuvent même pas voter.

Ils sont fiers d’afficher des statistiques qui prouvent que la police fait bien son travail, fiers de traquer des enfants dans les écoles, fiers de n’avoir pas une once de fraternité, de solidarité et pour tout dire d’humanité. Mais attention ne les comparez pas aux collaborateurs de Pétain. Non ça ce n’est pas possible, ces messieurs ne sont pas comme ça, ils pensent juste à la grandeur de la France, ils pensent juste à notre bien à tous, à notre bel avenir dans une Europe forteresse qui aura perdu toute sa fierté et son humanité.

Oui je pense que je me suis trompé, la France sent mauvais désormais, une odeur de peste brune qui empoisonne mon esprit et qui me donne envie de m’expatrier.

La perle verte

la perle verte

De tous les tableaux que j’ai peint celui là est sans doute celui qui m’appartient le moins. Je l’ai réalisé très vite dans une sorte d’intermède créatif, il a littéralement surgit de mes mains sans aucune préméditation de l’esprit. Je pense qu’il possède une certaine force et surtout un équilibre qui sont apaisant.

Mais que représente t’il ? Quelle est cette perle qui est juste au centre ?

Le cercle est une figure qui s’impose souvent dans mes compositions. J’aime le cercle car mathématiquement cette figure très simple est parfaite. Simple, car avec deux données (son centre et son rayon) on peut la dessiner, parfaite car ce cercle devient sphère sans aucune donnée supplémentaire, de plus elle fait intervenir le nombre PI qui reste un nombre mystérieux et poétique. Comme notre univers (si l’on en croit les physiciens) la sphère est un monde fini sans bord.

Je ne dessine pas mes cercles à l’aide d’un compas mais juste avec ma main et mon œil, c’est important car si vous l’essayez, vous verrez que cela ne se fait pas d’un seul passage (enfin cela est vrai pour moi) mais par affinage successif. Cette affinage est un exercice apaisant et m’apporte un certain bonheur.

Alors disons que cette perle représente le bonheur, un bonheur vert lié à la nature. Que voit on autour de cette perle ? Des courbes, des cônes, des « cornes ». Une structure éclatée qui peut être était là pour protéger cette perle ou bien alors la cachait. Que sont ces « cornes » ? Les deux plus proches entourent cette perle et sont très sûrement là pour la protéger à moins qu’elles ne soient source d’énergie et créatrice. Les autres plus éloignés ont une fonction moins évidente. Représentent elles des figures tutélaires ou un lien avec le cosmos ?

Il se trouve aussi trois autres éléments important, les graines, elles sont vertes comme la perle et sont faciles à interpréter pour qui connaît ma biographie. Reste le dernier élément, la sphère blanche qui domine le tableau et qui brille sur cette perle, elle est bien sur l’amour qui doit rayonner pour que ce bonheur reste vert et que les graines puissent grandir.

Fin de l’auto analyse….

ADN

 ADN

Tout le monde connait le nom de cette molécule clé de l’hérédité et de la vie. Les acides animés qui composent cette molécule sont présents dans l’espace au sein des nuages interstellaires,  nuages qui eux même sont les restes d’explosions titanesques qui ont déchiquetées des soleils ayant carburés un peu trop longtemps ou un peu trop vite (les humains parfois font aussi la même chose). Des éléments simples du départ nous allons donc vers une complexité de plus en plus élevée a partir du creuset des étoiles pour obtenir des molécules telles que les acides animés.

 

Puis un jour au sein d’une soupe initiale avec ce super solvant qui est l’eau apparait la première cellule. Puis le premier être avec des cellules qui collaborent, puis un être enfin qui se duplique grâce à l’ADN.

Ces êtres vont se complexifier, se différencier, devenir complémentaires et  former le fragile écosystème planétaire. De cet écosystème surgit la conscience (*) et de la conscience va naitre notre civilisation. De cette civilisation va naitre la connaissance et la technologie, de la technologie et de notre maitrise de l’atome vont enfin naitre la bombe atomique et la possibilité de nous supprimer ou de rendre cette planète complétement stérile.

 

Si l’on date notre essor technologique de l’invention de l’écriture, l’homme en moins de 10000 ans sur une histoire qui en compte quelques milliards a été assez inventif pour savoir comment s’auto détruire et détruire sa planète.

 

L’ADN est lui aussi responsable de la mort cellulaire, l’homme serait-il alors un élément de l’apoptose planétaire ? Une forme de mort programmée pour que notre écosystème se régénère et modifie sa forme vers un système plus performant ?

 

Vers quel forme pourrait évoluer l’humain ? Un mélange organique et silicium (homme et machine) ? Une super conscience planétaire née de la connexion de nos milliards d’individualités ?

 

Je suis fasciné par cette filiation atomique qui prolonge mon individualité à travers les âges, fasciné de penser que mon ADN est le résultat d’une évolution aussi longue. Fasciné par cet improbable hasard qui fait qu’aujourd’hui je puisse écrire ces mots, conceptualiser ce temps passé et envisager un avenir à ce système.  Cet avenir m’appartient en quelque sorte, il nous appartient tous, il résultera de nos choix et se propagera encore dans des millénaires, chaque mots, chaque gestes, chaque pensées pourrait-elle alors faire la différence ? A moins qu’à chaque instant une infinité de futur ne s’ouvre devant nous et qu’au fond tout cela n’ait absolument aucune importance.

 

(*)Je ne prends pas comme hypothèse que la conscience était là et qu’en quelque sorte elle se soit incarnée car je ne pars pas de l’hypothèse de l’existance de dieu.

Le rêve de la salamandre

le-reve-de-la-salamandre.JPGJe me suis demandé il y a longtemps quel pouvait être un rêve de salamandre, quelles couleurs ce petit animal pouvait il percevoir, quelles envies avait-il ? Je me suis demandé si sa perception du monde était meilleure que la mienne, plus efficace ou plus poétique.

 

J’ai donc dans mon atelier un tableau inachevé qui s’intitule le rêve de la salamandre. Ce tableau restera sans doute inachevé car la vision de la salamandre m’a échappée. Ma vie a fait un brusque écart à ce moment-là, le rêve c’est enfui, j’ai tourné une page.

 

Plus de dix ans ont passés et cette vision parfois me trouble, n’avez-vous jamais rêvé d’avoir à nouveau une perception totalement animal ? (Quand je dis à nouveau, je pense à nos lointains ancêtres) une vision sans analyse, brute, seulement commandée par la nécessité de survie. Une vision ou l’arbre n’est pas un concept arbre défini par le mot arbre mais un ensemble de couleur, de bruit, d’odeur.

 

J’ai lu dans une nouvelle que les cyprès étaient autrefois installés près des mas car ce sont de fabuleux conteurs. Qui peut encore se prévaloir de savoir écouter le murmure des arbres ? Quelles histoires pourraient-ils nous raconter si nous étions encore capables de les écouter ? Dans vos villes vous arrive-t-il d’écouter le murmure de l’incessante circulation et que vous raconte ce murmure ? Que vous dit-il sur l’état de notre monde ? que vous raconte-t-il sur l’état de nos rêves ?