A l'heure de l'échec scolaire et de l'arrêt de l’ascenseur social, il était temps que l’Éducation Nationale pense enfin à sortir la tête du seau et à se projeter vers des sphères ambitieuses. Voilà qui est fait. Un projet de socle commun vraiment ambitieux est né…
J'ai lu ce texte avec adoration et dévotion, les larmes me sont venues aux yeux tellement c'est beau, tellement c'est grand !
Mes enfants vont enfin sortir de l'obscurantisme grâce à l’Éducation Nationale.
Jugez en plutôt : "Au cours de la scolarité obligatoire, les élèves s’approprient des savoirs et acquièrent des compétences dans tous les grands champs de l’expérience et de la connaissance. Dans cette perspective, les connaissances ne sauraient s’opposer aux compétences, conçues comme capacité à mobiliser des ressources (savoirs, mais également savoir-faire ou savoir-être) devant une tâche ou une situation complexe. L’élève apprend à réfléchir, à mobiliser des connaissances, à choisir des démarches et des procédures adaptées, pour penser, résoudre un problème, réaliser une tâche ou un projet, dans une situation nouvelle, inattendue ou complexe. Les enseignants planifient et choisissent la façon la plus pertinente de parvenir à cet objectif en combinant des démarches qui mobilisent les élèves, et centrent leurs activités et celles de la classe sur de véritables enjeux intellectuels, riches de sens et de progrès. "
L’élève sait reconnaître une posture intellectuelle issue d'un crâne d’œuf des ministères et poser une question pertinente sur le comment on arrive à ce beau résultat.
" L'élève apprend à lire, comprendre et exploiter des textes, des documents divers, des images et des sons, des énoncés scientifiques, des données numériques, des tableaux et des graphiques. Il sait écouter les autres, parler et communiquer en s'adaptant à des situations de communication variées. Pour cela, il maîtrise des codes, des règles, des systèmes de signes et de représentation et développe ses facultés d’interprétation et de distanciation. Il aura appris à identifier ce qui est attendu dans une consigne, à utiliser les informations fournies par les différents éléments qui composent un document, à connaître les conventions qui régissent les principaux types d’écrits scolaires ou non scolaires."
L’élève peut normalement postuler pour HEC,remplir son CV sans faute d'orthographe et lire la courbe des profits de ses actions sur le site « la bourse en ligne ». Pour l'instant il reconnaît facilement le générique des publicités de TF1 et la bande annonce des dessins animés, accessoirement il peut savoir que c'est la mi-temps du match et donc aller aux toilettes au bon moment.
"Il lit des plans (bâtiments, machines, métro, …), se repère sur des cartes. Il utilise des représentations d’objets, d’expériences, de phénomènes naturels, comme les schémas, croquis, maquettes, patrons, figures géométriques… Il est initié à la représentation graphique des réseaux (routiers, ferroviaires, internet, sociaux …).
Il organise et visualise des données de natures diverses à l’aide de tableaux, de graphiques, de diagrammes qu'il est capable de lire, interpréter, commenter et produire lui même. Il a pris conscience de l’intérêt du langage symbolique pour modéliser, étudier des dépendances entre données statistiques, les représenter graphiquement, résoudre des problèmes, démontrer. "
L'élève peut a l'issue de sa 3° postuler pour le prix Nobel d'économie ou éventuellement celui de mathématique s'il est très doué.
"L’évolution des moyens de communication, la place des images fixes ou mobiles et des univers sonores, la diversité de leur production et de leurs supports, le déploiement des supports numériques et des réseaux à tous les niveaux de la société, rendent nécessaire la connaissance de leur mode de production et de signification, et des codes qu’ils utilisent. L’élève en identifiant la nature et le fonctionnement de ces différents types de communication en comprend les enjeux, est capable de les démystifier et accède à un usage raisonné et responsable des médias."
L'élève sait expliquer à ses parents qu'il n'est pas bon de regarder trop la télé surtout avant d'aller à l'école et que le matraquage publicitaire est nuisible à sa santé mentale même s'il est utile à la bonne marche de l'économie et à la santé des actionnaires.
L'élève connaît les principes de la production de l’information et de son accès (notions de sources, de documents, auteur, éditeur, classement, dépôt légal, droits…). Il a abordé des éléments d’histoire de l’écrit et de ses supports. Il s’est initié à l'usage des outils de recherche et au traitement de
l'information sur tous supports. Il sait confronter différentes sources d’information et s’interroger sur la crédibilité que l’on peut accorder à ces sources.
L’élève sait que les grands groupes médiatiques sont à la merci des publicitaires et des financiers, il sait que les hommes politiques sont liés à ces groupes via le pantouflage et le lobbying.
L’élève développe sa capacité à résoudre les conflits de manière non-violente, et sa maîtrise des moyens d’expression, de communication, d’argumentation qui évite le recours à la violence.
L’élève n'affronte pas bêtement les matraque de CRS comme l'a fait Malik Oussekine en son temps.
Bon cette prose est si belle qu'il faut la déguster avec modération, quand je pense à tous ces jeunes à qui on offre une si belle éducation, si ambitieuse et qui au bout du compte ne vont même pas décrocher un CDI chez Mac Do alors je me dis qu'il n'y a vraiment plus de jeunesse !. Quand je pense à tout ces professeurs gavés de vacances et aux salaires mirobolants qui font la fine bouche devant un aussi noble métier je me dis qu'ils devraient avoir honte.
Si moi j'avais eu toute cette belle éducation je ne serai pas là à 50 ans à baver devant cette prose ministérielle, mais dans un ministère à rédiger une encyclique sur la normalisation des relations entre les référentiels bondissants et les profanateurs de pelouse.