Bon voila ma première œuvre peinte en 2015, je ne peux pas dire que j’en suis fier car elle est par trop étrange.
Pour l’essentiel une mer agitée par une nuit de pleine lune, pourquoi pas. Les vagues se figent, le temps s’arrête l’eau liquide se transforme en pâte à modeler, une cargaison de bananes pas mûres ou pire empoisonnées à l’arsenic apparaît. Jusque là tout va bien, on peut toujours se dire que c’est l’effet du mal de mer, d’un trop bu de whisky en compagnie du capitaine Haddock ou de l’abus de substances hallucinogènes non remboursées par la sécurité sociale. On reste dans un univers connu bien que fortement Nawakien. Mais ces deux choses roses et étranges, c’est quoi ?
La sphère passe encore, elle est une constante dans ma peinture, une marque de reconnaissance, un ancrage dans mon monde, un symbole de ma plénitude, de ma connexion intime avec la matière. Un monde fini sans bord si parfait qu’il permet de tourner en rond à l’infini. (Ce que l’humain fait avec une certaine prédisposition il me semble)
Passons à la deuxième forme, cette goutte qui glisse sur l’océan sans s’y intégrer. Pourquoi ne se fond-elle pas dans l’océan ? Pourquoi ne fait elle pas vœu d’allégeance à la matière qui l’entoure ? Elle devrait s’engloutir dans ce néant liquide, retourner à sa source. Mais peut être a t-elle peur de troubler la couleur de cet océan car à la vérité ce rose quel affront pour le bleu et vert qui l’entourent !
Il me faut donc m’interroger sur cette utilisation du rose car dès le début ces deux éléments étaient roses et sont restés roses. Pour une plus grande harmonie ils auraient dû être bleu ou vert, à la rigueur pour briller ils auraient pu être jaune, orange ou même or.
Mais voilà ils sont restés roses cramoisis (même si sur la photo ils sont plus rouges que roses…) On en vient alors à la symbolique des couleurs, le vert c’est l’instabilité, tout ce qui bouge comme les feuilles dans le vent, les vagues qui s’agitent. C’est aussi un aspect négatif de l’âme humaine; la jalousie, l’infidélité, c’est la couleur des démons et des dragons. Le bleu est à contrario un symbole de la fidélité, de la chasteté, de la loyauté et de la foi. L’océan chahuté de nos pulsions est bien un mélange de tout cela. La mer exerce sur nous à la fois de la fascination et de l’amour, elle nous berce et nous calme mais en même temps elle nous effraie.
On en vient au rose, le rose lui est symbole de romantisme, de candeur, de pureté, d’amour courtois mais aussi d’érotisme et de sexe.
Et bien voilà, le nœud est défait, voilà deux âmes égarées dans le flot de la vie qui tournent l’une autour de l’autre dans un jeu de séduction. Une banale histoire de mœurs loin des étranges bananes bleues que l’on avait cru découvrir dans un premier temps.