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Chronique jurasienne

Premier instant, un café, je prends le train des hirondelles. C’est un train minuscule qui serpente dans de nombreux tunnels, sur des viaducs et qui traverse des paysages magiques, les voyageurs se laissent bercer par cette échappée et ce petit parfum d’aventure, le voyage peut commencer.

 

Je quitte cet oiseau véloce pour la lenteur de la marche. Après une ville encaissée au fond d’une vallée grise et triste, je grimpe enfin dans la montagne, j’aperçois mon premier chalet authentique, entends mes premières clochettes tinter, je sens mes premières odeurs d’humus et de champignons.

Me voilà seul au monde, je traverse d’immenses forêts et des alpages boueux sans rencontrer âme qui vive. Même les animaux, semblent avoir déserté les lieux, les oiseaux se taisent et l’impression d’une solitude absolue est un peu oppressante. Pas d’horizon, juste des arbres, le poids du sac, les pierres du chemin, le pied qui accroche, le souffle court et l’impression que la marche est à réapprendre.



Alpages

 

 

Plus loin l’horizon s’ouvre, un village au milieu des verts pâturages arbore fièrement son clocher et ses toits de zinc qui gémissent sous la chaleur du soleil. Après une longue descente et une rude journée, voilà la chaleur du gîte, le partage d’un repas, d’une conversation. Un lit et un toit pour se réconforter.


la chapelle du bois

 

Le lendemain c’est un nouveau départ, les courbatures sont vite oubliées et la beauté de la nature fait fondre le poids du sac et s’adoucir les pentes un peu raides. La chance parfois me sourit, je contemple pendant quelques minutes un magnifique chevreuil dans la brume du petit matin, plus loin dans la chaleur de l’après midi, un raccourci me mène à un jeune renard qui trop occupé à sa quête de mulots ne m’entend pas et ne me sent pas arriver. J’observe son jeu et je m’approche doucement mais le voilà s’enfuyant vers une sapinière la queue entre les jambes sans un regard vers l’intrus que je suis.

 

Les pas s’ajoutent aux pas pour former une longue litanie qui se renouvelle de jour en jour. Le monde des habitudes se dissout peu à peu, la simplicité du geste, la lenteur du cheminement ouvre de nouvelles perspectives. Le monde est vaste quand il est parcouru à pied. Je me prête à songer à une autre vie loin des contraintes sociales, une vie simple de pèlerin, une vie faite de liberté absolue et de solitude.


 

nozeroy.jpg

 

Mais l’heure du retour a sonné, les miens m’attendent. La montagne s’éloigne et des collines de far-ouest déroulent l’horizon sous un ciel immense. Une dernière étape dans un charmant village, une rivière naissante que l’on suit. Retour vers ceux que j’aime.

 

source de l ain