Fenêtres

La fenêtre est un accessoire bien utile pour nos maisons. La caverne même si elle peut offrir un abri utile en cas d’attaque de mammouths souffre d’un gros inconvénient. Elle n’a pas de fenêtres. Ce qui a laissé une part importante de ténèbres dans nos âmes car nous n’avons pas quitté ces cavernes depuis très longtemps et sommes prés à y retourner. Les peintres de Lascaux avec leurs torches et leurs poudres de couleurs ont sans doute regretté de ne pas avoir des cavernes équipées de baies vitrées, ce qui leur aurait sans doute permis d’avoir un public plus nombreux dans leurs expositions cavernicoles.

Quel est l’homme épris de lumière qui le premier s’est senti assez en sécurité pour inventer ce petit accessoire, objet révolutionnaire de nos intérieurs ? Car la fenêtre nous éclaire même si elle n’était pas sans défaut à ses débuts. La fenêtre en effet si elle laissait passer le soleil, laissait aussi passer le froid, la pluie, les ennemis et tous les projectiles lancés par ceux-ci.


Avez-vous remarqué combien une fenêtre fermée par un volet peut sembler parfaitement inutile quand vous ne disposez pas d’un éclairage adéquat à l’intérieur. Avez-vous remarqué qu’en plein hiver dans nos régions peu amicales qu’une fenêtre ouverte rafraîchit assez vite l’ambiance douillette que vous aviez instaurée en brûlant de belles bûches dans votre cheminé. Ces deux constats expliquent le fait navrant que dans nos beaux châteaux fort, les fenêtres étaient souvent réduites à leur plus simple expression. De là, à en conclure une causalité pour expliquer l’aspect ténébreux du moyen âge, il n’y a qu’une pointe de flèche que je ne saurais lâcher.


On peut donc supposer que l’invention de la fenêtre vient du sud, d’un pays clément et peu enclin aux invasions comme l’est toujours notre beau pays. Mais l’usage premier de la fenêtre serait une fonction sécuritaire (évacuation des fumées) et aussi utilitaire, livraison des marchandises et évacuation des déchets. Il fut donc un temps où il fallait se méfier des fenêtres qui pouvaient verser sur vous des immondices. Aujourd’hui encore, méfiez vous des fenêtres des postes ou des agences FRANCE TELECOM qui ont la fâcheuse habitude de cracher de joyeux salariés contents de se libérer de l’ambiance chaleureuse de ces entreprises privatisées pour le seul bonheur de leurs salariés et de leurs clients.


Pour pallier l’inconvénient de la fenêtre ouverte, des petits malins (car il y en a toujours, partout et à toute époque) ont eu l’idée de mettre du papier transparent et plus tard du verre pour enfin profiter de la lumière sans profiter du froid et des embruns. Le verre aurait été inventé par hasard par les égyptiens qui au cours d’un barbecue un peu trop soutenu auraient fait fondre une partie du désert. Avoir l’idée d’utiliser ce désert fondu pour occulter la fenêtre qui n’était pas encore inventée fut bien entendu une idée que n’eurent pas les égyptiens. En effet aucune pyramide n’est équipée de fenêtres contrairement à nos belles cathédrales qui s’équipèrent de beaux vitraux pour que l’on puisse apercevoir les anges pendant la messe. Il est vrai que les pyramides étaient des tombeaux qui ne nécessitaient pas l’accueil de vivants, les défunts étant eux directement en contact avec les dieux.

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La fenêtre laisse passer les regards et c’est bien là le moindre de ces défauts. Car voir sans être vu est quand même un plaisir que tout obsédé sexuel pervers et voyeur ne saurait ignorer. Pour cela nos chères ménagères (et ménagers (*)) ont inventé les rideaux. Le rideau bien conçu permet à toute bonne concierge d’observer ses locataires avec efficience et discrétion. D’obtenir des pourboires conséquents en échange d’un silence bienveillant. La version moderne de la fenêtre voyeuse étant bien entendu la caméra de vidéo surveillance qui permettra bientôt à tout à chacun de dénoncer son salaud de voisin qui fait faire ses besoins à son chien hors du canicrotte.

 

Une bonne fenêtre peut aussi être le théâtre d’une enquête policière comme dans « fenêtre sur cour d’Hitchcock ». Peut servir à lancer une fusée (fenêtre de tir). Être le sujet d’un excellent roman «fenêtres de Manhattan «  de Antonio Munoz Molina, servir de sujet à tout mauvais peintre en mal d’imagination. Je ne causerai même pas de toutes les fenêtres qui nous offrent une vue virtuelle du monde sur nos machines. Je vais finir ici cet article passionnant pour ne pas fatiguer plus avant vos yeux qui sont les fenêtres de l’âme en vous donnant un bon conseil. Faites équiper votre sous marin d’une belle fenêtre pour voir les poissons et les dauphins mais évitez d’en mettre une dans vos abris atomiques. La vue d’un paysage dévasté et radioactif est intensivement déprimant. Restez donc dans le noir et dans l’expectative en attendant que la lumière vienne de votre imaginaire.


Bonne semaine et n’oubliez pas de regarder par votre fenêtre la fin du monde qui est tout de suite et maintenant même si le changement est très progressif.

 

Kawan.

 

(*) Je ne veux pas d’ennuis avec les ligues féminines qui pourraient m’accuser de phallocratie.

3 réflexions sur « Fenêtres »

  1. Cher Kawan,

    Voilà un texte que j’ai aimé rouvrir plusieurs fois.
    Une partie très courageuse, je trouve…

    Peux-tu ne jamais cesser, même après l’apocalypse, de nous apporter ton éclairage.

    Au plaisir de te lire.
    Amitié
    Marie-Line

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