Oubli

Le temps passe vite et plus on vieillit plus le phénomène semble s’accélérer, ce qui n’est pas rassurant en soit. L’été va bientôt se terminer et si l’on est un tantinet pessimiste, on va se dire que c’est un de moins à vivre sur cette belle planète. Mais ma volonté n’est pas de mettre le bourdon aux lecteurs qui tomberont par hasard sur cette page parce que Google les aura mal orientés après une recherche sur « n’importe quoi ». Pour ceux qui viennent consciemment et en connaissance de cause sur ce blog leur cas est déjà tellement désespéré qu’une petite phrase ne peut pas vraiment jouer sur leur état général.

 

 

 

Je m’interrogeais donc il y a peu sur ce qui avait été marquant dans ces deux mois de retraite loin des hordes de fans qui me harcèlent, loin de ces journalistes assoiffés de scoop et prêts à tout pour publier une photo du président de l’APN (*) dans le plus simple appareil. Mais j’avais beau m’interroger, cette interrogation restait suspendue en fin de la ligne sans que nul mot ne me vienne à l’esprit.

 

 

Ma mémoire est certes défaillante mais je ne suis pas encore classifié Alzheimer (enfin je l’espère car j’ai égaré mon dossier médical) même si cela ne reste qu’une question de temps. Ma femme qui est très organisée me rappelle mes rendez vous, la date de naissance de mes enfants, le prénom de ma belle mère et toutes ces choses indispensables qui font que vous pouvez partir tranquille au travail sans vous tromper ni de destination quand vous prenez le train, ni d’entreprise quand vous vous asseyez à votre bureau pour consulter vos mails ou les cours de vos actions sur internet.

 

 

La plupart de nos faits et gestes étant heureusement dictés par la force de l’habitude, la mémoire n’est pas absolument indispensable pour paraître « normal » en société. Pour ceux qui comme moi sont déficient du bulbe, vous pouvez tester la méthode suivante :

 

Allumez votre radio, quinze à vingt minutes, notez un ou deux des sujets de l’actualité dans le creux de votre main et replacez les dans la conversation quand vous le pouvez. Vous pourrez ainsi faire illusion pendant pas mal de temps voir pendant toute une vie de dur labeur.

 

La plupart de nos travaux et activités sont si répétitifs que là encore nulle mémoire profonde nécessaire, un automatisme pavlovien suffit dans la plupart des cas , dans les autres un mimétisme de caméléon est grandement recommandé. Dites la même chose que votre supérieur hiérarchique ou toute autre personne qui semble à vos yeux être un exemple à suivre. Suivez ses faits et gestes et immiter le, vous verrez l’illusion sera parfaite.

 

 

Cette méthode est d’ailleurs assez généralisée pour que l’on puisse l’instaurer en règle de vie, l’actualité de chaque seconde assez vaste pour que le tweet de la seconde présente tue le tweet de la seconde passée. Se profile alors un monde parfait Orwellien ou le passé n’existera plus ou notre éternel présent soumis à un flux permanent d’informations ne nous laissera plus l’espace d’une introspection temporelle. La mémoire sera alors un de ces oripeaux du passé tout juste bon à occuper une caste de chercheurs que l’on appelle historiens. Un certain Churchill a écrit « un peuple qui oubli son passé est condamné à le revivre », si l’on s’en réfère aux odeurs nauséabondes qui s’échappent parfois de notre classe politique et du peu d’intérêt d’une partie de la population pour les faits historiques, l’avenir peut paraître sombre.

 

 

Pour en revenir à mon sujet premier, je n’ai malheureusement pas trouvé la citation suivante dans aucun livre, ni même dans WIKIPEDIA, je vais donc me l’approprier :

 

-« un salarié qui oublie ses vacances est condamné à les revivre ».

e vais en parler à mon employeur qui me précisera si je peux bénéficier d’un nouveau congé annuel pour me rafraîchir la mémoire.

 

PS : Ah oui, je voulais vous dire, faites un petit détour par le monde diplomatique du mois d’août, vous y trouverez un article de Luis Sepulveda sur l’Espagne, il décortique avec simplicité et lucidité le mécanisme qui a conduit le pays à la catastrophe. Il pointe du doigt la trahison d’une classe politique liée à la finance. D’une classe politique qui s’empresse de nous faire oublier le passé pour nous maintenir dans un éternel présent de « lois économiques incontournables »et de règles budgétaires « gravées dans le marbre ».

 

 

Et puis un petit dessin de vacances pour terminer.

 

IMGP3179-1

 

(*) Association Planétaire Nawakienne


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